Une intervention simple, intelligente et juste de Raphaël Glucksmann hier...
« la nature aléatoire des cibles fait qu’on est tous visés.
C’est l’avenir de notre société qui se joue maintenant. On est une société libre,
ouverte, mélangée et c’est très difficile de combattre ce type de menace, de
vaincre ce type de conflit tout en restant une société ouverte, libre, métissée,
mélangée, accueillante, tolérante vis à vis de l’autre et de celui qui frappe à
notre porte. C’est ça tout l’enjeu.
Daesh ne peut pas conquérir la France et faire flotter sur l’Elysée le drapeau du
califat mais par contre il peut créer une telle panique, créer une telle terreur
qu’il peut nous diviser, dissoudre le lien social et si nous décidons de nous
refermer, nous pouvons alors détruire nous-mêmes ce que Daesh en lui-même ne
peut pas détruire.
Quand on est à ce point ébranlé, il faut faire attention à se préserver et nous ne
gagnerons que si nous ne sacrifions pas qui nous sommes.
C’est un moment décisif. Si on se laisse aller à notre peur, on sacrifiera ce
pourquoi nous sommes attaqués et on fera la fin du travail de Daesh.
Cet attentat se produit dans une société qui doute déjà et il nous faut
1. nommer le mal : nous avons affaire à un réseau terroriste, à un adversaire
terroriste, à une idéologie fondamentaliste qui a des sponsors trop souvent
courtisés par une partie de notre élite
2. une fois qu’on a nommé le mal à combattre, il faut savoir qui l’on est et
retrouver dans notre passé le récit républicain que nous avons laissé à l’abandon
parce que nous pensions que tout était acquis, que la démocratie, la république
était acquises. Mais nous avons dans notre histoire française les clés pour
retrouver cette société ouverte. Nous pourrons alors avoir une parole à l’opposé
de celle des déclinistes et des identitaires, une parole d’ouverture.
Chacun d’entre nous porte sur ses épaules une part de notre avenir commun…
Soyons capables de préserver notre capacité à vivre ensemble, notre capacité à
accepter l’autre, notre capacité à dépasser notre peur.
Si on se laisse aller à notre peur, ce sont les terroristes qui gagnent car le but
de Daesh c’est la fin de nos sociétés»
NE FINISSONS PAS LE TRAVAIL DE DAESH